Ingénieur hydraulicien Johannis de Rijke

Histoires Zeeuwse Ankers

Il n’est pas très connu aux Pays-Bas, ni même en Zélande, mais Colijnsplaat est le lieu de naissance d’une personne encore vénérée par les Japonais aujourd’hui. Johannis de Rijke réalisa d’importants travaux au XIXe siècle, améliorant l’accessibilité des ports et prévenant les inondations alors que le Japon ne disposait pas encore des connaissances nécessaires. Sa statue à Colijnsplaat est encore régulièrement visitée par des touristes japonais.

Photo de Johannis de Rijke, année et auteur inconnus (image kasen.net).

Photo de Johannis de Rijke, année et auteur inconnus (image kasen.net).

Début de carrière

Johannis de Rijke naquit au 9 de la Oostkerkstraat à Colijnsplaat. La maison d’origine n’existe plus, mais il existe encore à proximité de nombreuses maisons ouvrières simples de l’époque donnant une idée de son environnement. Le père de Johannis était un petit entrepreneur pour des travaux de digues et il y avait suffisamment de moyens pour que Johannis suive des cours de mathématiques et de mécanique après l’école primaire. De Rijke gravit les échelons jusqu’au poste de directeur. Et puis une opportunité unique se présenta…

Au Japon

En 1873, De Rijke reçut une invitation d’un ancien patron à se rendre au Japon. Au Japon, les connaissances et les technologies occidentales furent appliquées dans la seconde moitié du XIXe siècle pour moderniser le pays et son économie. Les Néerlandais y furent sollicités pour rendre les rivières adaptées à la navigation moderne et pour adapter les ports.

Défis

Le Japon offrit à De Rijke un travail stimulant. Cela commença par rendre la rivière Yodogawa navigable. Travailler avec des forces japonaises inexpérimentées nécessita beaucoup d’empathie et de patience. Il fallut beaucoup de persuasion, par exemple, pour que les puits ne soient plus creusés au pied des digues et pour interdire la pratique du dragage du gravier jusqu’au pied des digues.

Ports, inondations et rivières

En tant qu’ingénieur au Japon, De Rijke améliora l’accessibilité des ports de Tokyo et de Yokohama. Avec son collègue George Escher, il élabora des plans pour améliorer la navigabilité d’un certain nombre de rivières japonaises, et ils firent en sorte que la grande ville de Nagoya ne soit plus inondée grâce à la canalisation d’une rivière. De Rijke fit également des recherches sur les « banjirs » (violentes inondations emportant les montagnes) et élabora des plans pour les prévenir.

Carte accompagnant le rapport sur les tunnels entre le lac Biwa et Kyoto, présenté par Johannis de Rijke le 23 février 1884 (Archives nationales du Japon).

Carte accompagnant le rapport sur les tunnels entre le lac Biwa et Kyoto, présenté par Johannis de Rijke le 23 février 1884 (Archives nationales du Japon).

Bureaucratie

L’aventure japonaise de De Rijke prit fin. Il lui était de plus en plus difficile de traiter avec la bureaucratie japonaise, qui s’accompagna de tromperies, de formalités et de rituels. Son mécontentement à l’égard de l’attitude de ses supérieurs s’accrut. Plusieurs de ses propositions disparurent dans le placard. Et une fois que les Occidentaux transférèrent leurs connaissances, le gouvernement japonais confiait souvent la gestion du projet à des ingénieurs japonais.

Shanghai

De Rijke quitta le Japon au début du XXe siècle. Il retourna aux Pays-Bas en empruntant le Transsibérien et écrivit une brochure à ce sujet : « Zomerreis van Oost-Asia naar Nederland met den Trans-Siberischen Spoorweg » (Voyage d’été de l’Asie orientale aux Pays-Bas sur le Transsibérien). Une réimpression de cette brochure fut publiée en 2000. Mais l’aventure continua à l’appeler. Pendant son séjour au Japon, il travailla sur les plans du port de Shanghai et fut contacté pour en effectuer une proposition. La sienne sortit vainqueur et, en compagnie son fils de 16 ans, il se mit au travail à Shanghai pour retirer les bancs de sable gênants de la rivière Whangpoo. Grâce à son approche, le port de Shanghai est devenu beaucoup plus accessible.

Importance au Japon

Bien que De Rijke ne soit pas très connu aux Pays-Bas, il est impossible de sous-estimer son influence au Japon et la notoriété dont il jouit encore. Il reçut au Japon la reconnaissance (et les opportunités) qu’il n’aurait jamais eue aux Pays-Bas sans un diplôme universitaire. De Rijke fut très apprécié par les gens ordinaires. Leurs maisons n’étaient plus inondées. Des ports plus accessibles et des rivières navigables permirent une meilleure économie. Ce travail fut également très apprécié et plusieurs fois récompensé. Au Japon, il fut nommé à l’Ordre du Trésor Sacré et Chevalier de l’Ordre du Soleil Levant. Il fut également anobli aux Pays-Bas et en Belgique.

La statue de De Rijke au port de Colijnsplaat (ZB, Banque d'images de la Zélande, photo J. Wolterbeek).

La statue de De Rijke au port de Colijnsplaat (ZB, Banque d’images de la Zélande, photo J. Wolterbeek).

Renommée aujourd’hui

De Rijke est encore honoré à ce jour au Japon. Chaque année, une délégation japonaise se rend sur sa tombe à Amsterdam pour y déposer une gerbe et accomplir un rituel shinto. Il a été immortalisé dans des manuels scolaires, des documents scientifiques, des films et des pièces de théâtre japonais. Près de Nagoya se dresse une statue de bronze de quatre mètres de haut représentant De Rijke. Une course d’aviron Johannis de Rijke s’y déroule également chaque année. À Colijnsplaat, peu de choses rappellent encore De Rijke, mais le village accueille régulièrement des touristes japonais. Un buste de De Rijke se trouve près de la Ooststraat, où De Rijke est né, et une réplique de la statue de Nagoya se trouve sur la jetée.