Le lin cultivé

Histoires Zeeuwse Ankers

La Zélande est le premier producteur de lin des Pays-Bas. Celui-ci y est cultivé depuis des siècles. L’importance de la production de lin a considérablement fluctué au fil des ans. Le lin est d’une beauté inoubliable lorsqu’il fleurit en juin. Une mer intérieure d’un bleu clair se crée, qui se met à onduler au moindre souffle de vent. Mais en plus de belles images, le lin cultivé offre un merveilleux un produit.

La culture du lin

La culture du lin en Zélande a commencé dès le Moyen Âge. Il faut savoir que le lin n’est pas facile à faire pousser. Le succès d’une récolte exige une grande expertise. À titre d’exemple, le lin ne pousse que sur un sol léger et humide, il doit être semé à une profondeur maximale de deux centimètres et la cueillette doit être très soignée, c’est pourquoi elle était encore effectuée à la main jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Le lin étant une culture si exigeante, les producteurs de lin jouissaient jadis d’un grand respect.

Le lin en gerbes sur la terre. Schouwen-Duiveland, vers 1980 (ZB, Banque d'images de la Zélande).

Le lin en gerbes sur la terre. Schouwen-Duiveland, vers 1980 (ZB, Banque d’images de la Zélande).

Le commerce

Le lin est difficile à cultiver, mais sa transformation exige également des efforts. Elle nécessite de nombreuses actions, notamment un traitement à l’eau douce. Comme il n’y en avait pas assez en Zélande, le lin n’était généralement traité qu’en petits lots pour un usage personnel. La majorité était achetée par les négociants et revendue aux transformateurs de Rotterdam et de Flandre. À Goes comme à Middelburg, on trouve encore un nom de rue qui y fait référence : Vlasmarkt (marché au lin). Le commerce du lin était soumis à de nombreuses règles rigoureuses. À Zierikzee (et peut-être dans d’autres endroits), le lin non transformé ne pouvait pas être stocké dans la ville en raison du risque d’incendie.

La transformation

La transformation du lin commençait après l’arrachage. Les bottes de lin récoltées étaient attachées ensemble et mises dans le « schelf » (grenier d’une grange). Elles étaient ensuite transformées dans une usine de lin. Un grand nombre de manipulation était nécessaire pour rendre le matériau souple et transformable. Les étapes consistaient au teillage par broyage et battage, au rouissage, au peignage et au filage.

Braken ou brakelen, pendant la journée folklorique à IJzendijke, 1981 (ZB, Banque d'images de la Zélande, photo O. de Milliano).

Braken ou brakelen, pendant la journée folklorique à IJzendijke, 1981 (ZB, Banque d’images de la Zélande, photo O. de Milliano).

Un rôle accru pour le commerce

La place de la culture du lin a évolué au fil des siècles. Cela s’explique principalement par le rôle des commerçants. Celui-ci s’est accru lorsque la transformation du lin passa de la ferme à la ville. Toutes sortes de facteurs externes influencèrent de plus en plus les exigences en matière de prix et de qualité. La culture du lin devint encore plus spécialisée et vit sa qualité augmenter. La transformation consista également au déplacement de la culture du lin vers les sols argileux abondants en Zélande, et au fait que les agriculteurs de Hollande avaient pratiquement cessé de cultiver le lin. Ceci entraîna également un déplacement de plus en plus important de la spécialisation vers la Zélande. Ajoutez à cela le fait que la province était idéalement située à proximité d’un important marché de vente (la Flandre)… Le lin était donc une culture de première importance en Zélande au XVIIIe siècle.

Les fluctuations

L’importance et la surface de la culture du lin pouvaient varier à tout moment. Les producteurs zélandais étaient déjà très attentifs aux prix des autres cultures. Lorsque le prix des céréales était élevé, ils investissaient dans celles-ci et il restait moins de terres à disposition du lin. La demande de ce dernier a fini par décliner, notamment en raison de l’essor du coton. On assista néanmoins à une relance de la culture du lin au XIXe siècle suite à la guerre civile américaine et la pénurie de coton. Le vingtième siècle vit une dernière hausse du prix du lin lorsque le prix du coton grimpa en flèche aux États-Unis en raison de la guerre froide. La culture du lin à grande échelle prit à la suite de cela. Le lin ne pouvait pas concurrencer les fibres synthétiques. Mais sa culture perdure. Le lin néerlandais provenait à 91 % de la Zélande en 2014. C’est en Zeeuws-Vlaanderen que vous verrez de nombreux champs de lin. L’Écluse, Terneuzen et Hulst forment ensemble les trois premières communes productrices de lin.

Le lin

Avec la laine et le coton, le lin a été pendant de nombreuses années le matériau de base le plus important pour les vêtements en Zélande. Pendant longtemps, il était même moins cher que le coton. Celui-ci était utilisé pour la literie, les linges et les chemises, par exemple. Les articles en lin étaient rangés dans un cabinet, une pièce maîtresse de la maison. Et ils étaient vraiment destinés à être exhibés. Les portes du cabinet pouvaient être ouvertes pour mettre en valeur les pièces en lin. Et si vous aviez des rouleaux de lin supplémentaires qui se trouvaient là, c’était encore mieux. Cela démontrait que vous étiez assidu et fortuné.

Le lin est en soi plutôt grisâtre. Il était blanchi au soleil sur le champ de blanchiment pour lui donner la couleur blanche désirée. Il était d’usage d’orner les vêtements de broderies, ce qui avait également une raison pratique. En brodant les initiales du propriétaire dans les vêtements, il était facile de les retrouver sur le banc de blanchiment.

Détail d'une chemise d'homme avec encolure et boutons de gorge brodés, 1775-1800, lin, dentelle aux fuseaux, soie, or (Zeeuws Museum, photo Ivo Wennekes).

Détail d’une chemise d’homme avec encolure et boutons de gorge brodés, 1775-1800, lin, dentelle aux fuseaux, soie, or (Zeeuws Museum, photo Ivo Wennekes).

Les collections

Le costume régional de la Zélande (et donc son lin) peut être admiré dans de nombreux musées de Zélande. Vous pouvez par exemple visiter le Historisch Museum De Bevelanden à Goes, le Museum Arnemuiden, le Museum Veere, le Museum Het Warenhuis à Axel, le Streek- en Landbouwmuseum Goemanszorg à Dreischor, le Streekmuseum De Meestoof à Sint Annaland et le Zeeuws Museum à Middelburg.

Ce dernier musée occupe une place particulière dans cette liste. Celui-ci mit en place un projet inédit en 2009. En effet, le Zeeuws Museum chargea Christien Meindertsma d’étudier l’avenir du lin. Le point de départ était de gaspiller le moins de matière possible et, par exemple, de déterminer si le lin pouvait être utilisé dans des matériaux composites. Par ce projet, elle a contribué à accroître la connaissance des processus industriels et l’importance de la conception durable, tant pour le marché local que pour le marché international. C’est en partie grâce à ce genre d’initiative que le lin reste vivant en Zélande et que vous pouvez toujours profiter de ces magnifiques mers intérieures bleues.